Dans son livre La philosophie du Petit Prince (ou le retour à l’essentiel), Paul Meunier, philosophe et théologien, nous entraîne dans une longue méditation sur ce conte archiconnu en y soulignant les nombreuses attitudes évangéliques que Saint-Exupéry a voulues promouvoir.
Rappelons d’abord que tout ce que cet auteur a écrit après 1935 a été marqué par l’expérience qu’il vécut alors dans le désert du Sahara lorsque son avion s’y écrasa; une expérience déterminante du même genre que celle racontée par EE Schmit dans son ouvrage La nuit de feu.
Cette expérience l’amena à relater dans son conte pour petits et grands la rencontre toute aussi déterminante entre le Petit Prince et le renard. Tel que présenté, le renard joue le rôle de celui qui enseigne, qui guide et qui console. Jugez en par ces phrases célèbres.
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».
« C’est le temps que tu prends pour ta rose qui fait que ta rose est si importante ».
« Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde ».
L’essentiel, c’est l’amour dont la rose est le symbole. C’est l’idée reprise par Gilbert Bécaud dans sa chanson L’important, c’est la rose…
Il convient de prendre du temps pour l’essentiel, pour nourrir et développer nos relations d’amour, que ce soit en famille, entre amis, en communauté de foi et même, selon l’Évangile, à l’égard de nos ennemis.
C’est ce qui rend chacune des personnes que nous aimons unique au monde… même s’il y en a des milliers autour!
Outre le renard, le Petit Prince rencontre plusieurs personnages qui ont des choses beaucoup trop importantes à faire pour apprivoiser quoi que ce soit.
L’aviateur qui tombe en panne dans le désert (comme l’auteur, tiens!). Il est trop occupé à réparer son avion pour écouter le Petit Prince lui parler de sa rose. Ici, Paul Meunier fait une distinction qui m’a frappé entre ce qui est urgent et ce qui est important. Pour l’aviateur, l’urgence était de réparer son avion plutôt que d’écouter le Petit Prince. Nous arrive-t-il de glisser dans la même méprise, ainsi que dans celles…
- Du roi ivre de pouvoir, qui ne veut qu’être servi…
- Du vaniteux, qui recherche l’admiration…
- Du buveur qui boit pour oublier son état plutôt que d’y faire face…
- De l’homme d’affaires aveuglé par son ambition…
- De l’allumeur de réverbères servile aux consignes et sans esprit critique…
- Du géographe friand d’être reconnu pour son savoir…
Tout ceci me fait un peu penser à ce passage de l’Évangile de Matthieu (22,5) où, devant l’invitation de Jésus aux noces du Royaume l’un va à son champ et l’autre à son trafic. L’un à sa soif de pouvoir, l’autre à sa soif d’admiration, etc…
Sachons donc répondre à l’appel du Ressuscité qui nous veut à sa suite dans cette quête de l’essentiel qui n’est jamais finie!
[article sur Facebook par Richard Guay, partagé avec permission – PHOTO : Devran Topallar – Pixabay]