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Le chemin est empreint d’une grande sagesse. Un jour particulièrement long, environ trois semaines après le début de mon voyage, j’ai rencontré un marcheur qui avait parcouru de nombreux chemins différents, mais qui faisait le Camino del Norte pour la première fois. Il s’agissait d’un jardinier passionné. En fait, il était le jardinier d’un monastère local dans sa ville natale en Allemagne.

Il s’arrêtait fréquemment pour admirer les différentes fleurs, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur des nombreux jardins que l’on voyait au long de la route.

Plusieurs de ces fleurs ne m’étaient pas familières. D’autres m’étaient familières mais semblaient beaucoup plus grandes que les variétés que j’avais vues chez moi. Les pétales complexes et les belles plantes ont été pour moi l’apprentissage de cette journée.

À un moment donné, il s’est arrêté pour me montrer de l’ortie piquante. Il m’a expliqué qu’il s’agissait d’une « plante énergétique » pour les marcheurs, car les fleurs contenaient des proportions importantes de protéines et avaient des propriétés curatives. En arrachant quelques fleurs de ces plantes et en les consommant, on renforçait son système tout en marchant. C’est ce qu’il a fait, et il a arraché quelques fleurs pour moi aussi.

Ce n’était pas une fleur sauvage que je connaissais bien, mais je découvris qu’elle était souvent présente le long de la route. J’ai écouté et beaucoup appris de mon nouveau compagnon de marche ce jour-là.

Il a également souligné l’importance d’arracher les fleurs de la plante sans toucher les feuilles. L’ortie piquante ne porte pas ce nom inutilement. Les feuilles peuvent piquer si on les touche. J’ai éprouvé cette sensation à plusieurs reprises au cours de mon voyage, lorsque je n’étais pas aussi habile que mon guide allemand. Et quand on était piqué, on le sentait pour le reste de la journée.

Plusieurs jours plus tard, alors que je considérais les aspects bénéfiques et moins bénéfiques de cette même plante, j’ai commencé à réfléchir à certains aspects de la nature humaine que la nature mettrait en évidence pour moi.

Tout au long de ma vie, j’ai rencontré de nombreuses personnes qui me dérangeaient, dont la personnalité ne me plaisait pas et avec lesquelles j’évitais généralement de passer du temps. Il m’est également arrivé d’avoir des collaborateurs qui mettaient d’autres personnes mal à l’aise, ou qui avaient du mal à travailler en équipe. Des personnes qui ont des « piques », si vous suivez mon analogie.

Pourtant, je remarquais que ces personnes piquantes apportaient également une valeur significative à leur communauté et à leur lieu de travail, et qu’elles possédaient souvent des compétences supérieures à celles de beaucoup d’autres personnes que j’avais rencontrées. Parfois, je me suis rendu compte que ce qui les rendait difficiles les rendait également efficaces ou bons dans d’autres domaines. Un chirurgien peut avoir un tempérament froid qui lui permet d’avoir une main ferme et confiante, mais qui ne lui permet pas d’avoir un bon comportement au chevet des patients. Quelqu’un qui parle beaucoup peut être un excellent collecteur de fonds ou communicateur, mais peut vous énerver dans un contexte social.

La nature de l’ortie est également un reflet de la façon dont nous sommes en tant qu’êtres humains… des valeurs profondes et des aspects moins attrayants. Il m’est arrivé de rencontrer sur la route des personnes dont je préférais m’éloigner… mais lorsque je passais un peu de temps avec elles, je découvrais rapidement les forces et les dons profonds qu’elles possédaient. Même la présence de l’Esprit Saint.

En tant qu’Église, nous affirmons croire que la création de Dieu est très bonne. Que les êtres humains sont, par essence, le reflet de l’esprit divin. Pourtant, nous pouvons être rapides à juger une personne sur la base de son statut économique ou social. Une nouvelle personne que nous rencontrons peut ne pas agir de la même manière que nous dans des situations sociales. Il peut être facile pour nous de trouver notre cercle social réconfortant et l’une des principales raisons pour lesquelles nous allons à l’église – pour nous lier avec des personnes dont nous apprécions la compagnie. Mais les cliques qui se forment n’offrent pas un bon accueil à ceux qui se présentent à nos portes pour la première fois.

En outre, il se peut que nous n’ayons pas de « connexion facile » avec tout le monde. Comme on me l’a régulièrement rappelé, nous sommes appelés à aimer tout le monde, pas nécessairement à aimer le temps passé avec eux. C’est précisément le but de l’amour. Nous faisons preuve d’amour lorsque nous prenons le temps de dépasser nos premières impressions, de devenir curieux et de poser des questions, et que l’Esprit finit par nous révéler la présence du divin dans cette personne également. Cette présence divine est là. Elle est toujours là. Et si nous ne la voyons pas, c’est parce que nous ne regardons pas assez profondément.

Soyons donc conscients des moments où notre premier réflexe est de ne pas voir la valeur de quelqu’un. Aimons abondamment les personnes avec lesquelles nous ne sentions pas immédiatement la connexion. Si nous partons d’un lieu d’amour, il est possible de découvrir quelles fleurs nous allons découvrir sous ces feuilles piquantes.


Éric Hébert-Daly a passé les mois de juin et juillet 2024 à parcourir le Camino del Norte, le Camino Lebaniego, le Camino Primitivo, le Camino Inglés et le Camino Muxia/Finistera dans le cadre de son congé sabbatique. Il a parcouru 1458 km avec son sac à dos, traversant des montagnes, des champs et des côtes, tout en priant pour les communautés de foi et les pasteures et pasteurs. Éric partagera quelques réflexions sur son voyage au cours des prochains mois.