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Un sujet de réflexion

La loi anti-potlatch, mise en œuvre par le gouvernement canadien en 1884 en tant que modification de la loi sur les Indiens, visait à éliminer les cultures, les traditions et l’autonomie des peuples des Premières Nations. Le potlatch, une cérémonie très importante pour diverses tribus du nord-ouest du Pacifique, en particulier les Haïdas, les Kwakwaka’wakw et les Nuu-chah-nulth, était un symbole de la répartition des richesses, de la hiérarchie sociale et de la gouvernance. La législation a rendu le potlatch et d’autres assemblées illégales, criminalisant un élément crucial de la tradition autochtone pendant plus de 60 ans, jusqu’à ce que l’interdiction soit annulée en 1951. Bien qu’annulée légalement, les répercussions de cette interdiction persistent, ayant infligé des dommages durables aux pratiques traditionnelles, aux cadres communautaires et à l’identité des peuples des Premières Nations.

Le potlatch ne se limite pas à une simple fête ou célébration. Pour de nombreuses communautés autochtones, il s’agit d’une institution essentielle pour la gouvernance, l’organisation sociale et l’allocation des ressources. Lors d’un potlatch, l’hôte distribue des cadeaux aux visiteurs afin de partager les richesses au sein de la communauté. Cet acte renforce les liens sociaux et valide le statut social de l’hôte, tandis que la cérémonie marque des événements importants tels que les naissances, les mariages et le transfert de titres héréditaires. Le potlatch remplit une fonction spirituelle, reliant les communautés à leurs ancêtres et à l’environnement naturel par le biais de cérémonies, de danses et d’histoires orales.

Le gouvernement canadien, quant à lui, considère le potlatch comme un obstacle à l’assimilation. Les dirigeants coloniaux soutenaient que les peuples des Premières Nations ne pouvaient progresser qu’en abandonnant leurs pratiques ancestrales et en adoptant les normes européennes, en particulier le concept de propriété privée des richesses au lieu de la distribution communautaire. Le potlatch était considéré comme un affront direct aux principes du capitalisme et de la propriété privée.

En 1884, la loi sur les Indiens a été révisée pour interdire le potlatch et d’autres rituels autochtones traditionnels. L’article 3 de la loi stipule que toute personne participant à un potlatch ou l’encourageant est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois. Cette règle a été rigoureusement appliquée, ce qui a entraîné la confiscation par la police d’objets de cérémonie, de costumes et d’objets sacrés, dont beaucoup ont ensuite été placés dans des musées d’Amérique du Nord et d’Europe. Les chefs autochtones qui s’opposaient à la prohibition ont été appréhendés, ce qui a provoqué d’importants troubles au sein de leurs communautés.

La prohibition a perturbé la continuité culturelle autochtone. Le potlatch faisait partie intégrante de la structure sociale, politique et économique de nombreuses communautés, et sa suppression a eu des répercussions importantes sur la gouvernance et l’ordre social. De plus, en criminalisant ces assemblées, le gouvernement contraint ces activités culturelles à fonctionner dans la clandestinité, diminuant ainsi leur visibilité publique et leur transmission intergénérationnelle.

Bien que la loi anti-potlatch ait été abrogée en 1951, le mal avait déjà été fait. Des générations entières de peuples des Premières Nations ont été coupées de leurs traditions culturelles, ce qui a perturbé les systèmes de connaissance, la transmission de la langue et la cohésion sociale. De nombreuses traditions de potlatch ont été éradiquées et les objets cérémoniels saisis lors de la prohibition n’ont jamais été restitués à leurs propriétaires légitimes. Certains objets se trouvent encore aujourd’hui dans des musées, malgré les efforts continus des groupes autochtones pour les récupérer.

Les répercussions de la loi continuent de se manifester de diverses manières aujourd’hui :

Perturbation culturelle : Le potlatch était un élément fondamental de la gouvernance et des structures sociales autochtones. L’interdiction a sapé ces mécanismes, entraînant un effondrement du transfert d’informations culturelles. Bien que certains groupes aient redonné vie au potlatch, les générations d’éloignement ont entraîné des déficiences dans la continuité culturelle.

L’interdiction a facilité l’objectif colonial global d’assimilation, qui englobait le système des pensionnats. L’interdiction par le gouvernement des rites traditionnels tels que le potlatch a porté atteinte aux langues, aux traditions orales et aux activités spirituelles des autochtones. Actuellement, de nombreuses peuples des Premières Nations s’efforcent de rajeunir et de rétablir ces traditions abandonnées.

L’appropriation de la culture et la confiscation des objets sacrés : La saisie de costumes de cérémonie et d’objets de potlatch lors de l’application de la loi est une question controversée pour de nombreuses communautés autochtones. Une multitude de ces précieux artefacts n’ont jamais été restitués et sont actuellement conservés dans des musées et des collections privées du monde entier. Bien que certaines initiatives de rapatriement aient été couronnées de succès, une grande partie de ce matériel reste inaccessible aux communautés auxquelles il appartient légitimement.

Traumatisme intergénérationnel : La répression culturelle résultant de l’interdiction du potlatch, associée à d’autres mesures coloniales telles que les pensionnats, a exacerbé le traumatisme intergénérationnel que subissent actuellement les populations autochtones. La suppression systématique de la culture, de la langue et du gouvernement a profondément affecté la santé mentale, spirituelle et émotionnelle des peuples autochtones.

Initiatives de revitalisation culturelle : À la suite de l’abrogation de la prohibition, de nombreuses communautés autochtones ont entrepris des tentatives délibérées pour récupérer et rajeunir le potlatch et d’autres événements traditionnels. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre d’un mouvement plus large en faveur de l’autodétermination, de la revitalisation culturelle et de la réconciliation des peuples autochtones. Le potlatch est devenu un symbole de résilience, car des groupes s’efforcent de faire revivre des rituels traditionnels qui avaient été usurpés.

L’interdiction du potlatch illustre la mesure dans laquelle les lois coloniales canadiennes visaient à éradiquer les coutumes autochtones et à imposer l’assimilation. Bien que cette loi ait été abolie, son héritage souligne la nécessité de poursuivre les efforts de réconciliation et de restauration culturelle. Il s’agit notamment de faciliter la restitution des objets cérémoniels volés, de promouvoir l’éducation culturelle autochtone et de garantir que les communautés autochtones disposent des ressources et de l’autonomie nécessaires pour restaurer ce qui a été perdu.

Actuellement, de nombreuses Premières nations renouent avec leurs traditions et soulignent l’importance du potlatch dans la vie communautaire. Le rétablissement de ces événements illustre la persistance culturelle, la force d’âme des peuples autochtones et le lien durable qui les unit à leur patrimoine. Les répercussions de la loi anti-potlatch rappellent au Canada le long chemin à parcourir pour parvenir à une véritable réconciliation.

Alors que les Canadiens contemplent les injustices historiques, le récit de la loi anti-potlatch illustre les effets durables du colonialisme et souligne la nécessité d’aider les peuples autochtones dans leurs efforts pour retrouver, préserver et célébrer leur patrimoine unique.

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Pour télécharger les ressources (en anglais) : Ohiatonhseratokénti, The Holy Bible in Mohawk (DOC) ou (PDF)