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par Gérald Doré, pasteur bénévole associé
Église Unie Saint-Pierre et Pinguet

Le 15 avril dernier, j’ai reçu par courriel la confirmation que le traitement d’une entrevue vidéo que j’avais donnée au Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli, en juillet 2021, sur l’Église Unie Pinguet était complété et que celle-ci pouvait être visionnée à un des postes de consultation du Musée. Par la même occasion, on m’annonçait qu’on avait accepté d’y joindre la version PDF de la monographie que l’historien Jean-Louis Lalonde a rédigée en 2005, à l’occasion du centième anniversaire de l’inauguration du temple de Pinguet.(1) En tant qu’ancien pasteur de Pinguet, la nouvelle ne pouvait que me réjouir. L’histoire de Pinguet est la saga, sur plus d’un siècle, de la résistance d’une minorité protestante francophone à contrecourant d’un milieu longtemps hostile. Dans un Québec tricoté serré, être protestants et anglophones, c’était toléré; mais protestants et francophones, ça ne passait pas facilement. D’autant qu’être protestants et francophones, c’était être doublement minoritaires : protestants dans un environnement rigoureusement catholique, et francophones dans une Église massivement de langue anglaise et tributaire d’une culture à bonne distance de la culture populaire rurale traditionnelle majoritaire au Québec. Nous avons ici avec Pinguet un cas de figure du genre de ceux qui passent facilement entre les mailles de l’histoire officielle et qu’une propension à la simplification entraîne à négliger. D’où l’importance d’un lieu où s’inscrive sa mémoire, alors qu’il ne reste que très peu de témoins porteurs de la tradition orale de cette résistance populaire protestante. Voyons les faits, tels qu’ils se présentent aujourd’hui dans la foulée de la bonne nouvelle du 15 avril.

Une distance de 27 kilomètres sépare le temple de Pinguet, toujours debout et en bon état sur les hauteurs des Appalaches, du Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli, en bordure du fleuve Saint-Laurent. Un intervalle de plus d’un siècle marque néanmoins leurs origines respectives. L’Église Unie Pinguet naît à la fin du XIXe siècle comme mission presbytérienne, dans l’arrière-pays de Saint-Jean-Port-Joli, à l’époque de sa colonisation. Son temple, une chapelle de bois reposant alors sur des fondations en pierres des champs, est construit en 1903 et 1904, sur le territoire de la municipalité rurale de Saint-Damase-de-L’Islet, dite aussi Saint-Damase-des-Aulnaies. Il est inauguré le 27 août 1905, en présence d’une importante délégation de l’Église presbytérienne au Canada. Comme les autres paroisses et missions francophones de l’Église presbytérienne, Pinguet est intégrée dès 1925 à l’Église Unie. Elle fait maintenant partie de la charge pastorale Saint-Pierre et Pinguet, qui la dessert à partir de Québec. En comparaison, l’origine du Musée de la mémoire vivante est toute récente. La conception du projet date de 1987. La construction, qui épouse la forme et la volumétrie du dernier manoir seigneurial du lieu, débute en 2007. Le Musée ouvre officiellement ses portes le 25 juin 2008. Il est établi « en tant que référence québécoise en patrimoine immatériel et en transmission de l’oralité ». Il vise à « créer, selon une démarche ethnologique, un centre d’expertise de la collecte et de la diffusion des récits de vie, savoirs, savoir-faire, coutumes et éléments du mode de vie. » (2)

C’est dans le cadre de cette mission du Musée qu’on a maintenant accès à mon témoignage et à l’historique de Jean-Louis Lalonde. Il faut se rendre sur place, parce qu’il n’est pas possible de consulter à distance la collection de témoignages. L’accès à la salle de consultation est ouvert à tous les visiteurs du Musée. Cependant, si on se déplace spécifiquement pour la consultation d’un témoignage en particulier, comme ce serait le cas pour celui concernant Pinguet, il est recommandé de réserver quelques jours à l’avance, afin d’assurer la disponibilité d’un poste de consultation (tél. : 418-358-0518). La visite vaut le déplacement non seulement pour la consultation, mais encore pour les attraits du lieu. Le Musée comporte un espace d’expositions. Il est situé dans un grand parc où un sentier pédestre mène de la forêt jusqu’au fleuve, en traversant des espaces propices à l’observation d’une faune et d’une flore diversifiées. Une tour donne accès à un belvédère qui offre un point de vue exceptionnel. Le Musée est situé à 5 kilomètres du cœur du village historique de Saint-Jean-Port-Joli. Si on ne s’est jamais rendu à l’église de Pinguet, c’est l’occasion rêvée d’y pousser une pointe. Vous trouverez l’itinéraire pour vous y rendre en cliquant ici: https://www.stpierrepinguet.org/wp/locations/eglise-unie-pinguet/. Je vous souhaite une journée ensoleillée. Depuis le perron de l’église, vous aurez un panorama jusqu’au fleuve et, par delà, jusqu’aux montagnes de la rive nord.


(1) Lalonde, Jean-Louis, Pinguet 1905-2005. Histoire d’une communauté protestante à Saint-Damase-des-Aulnaies (Québec), Église Unie du Canada, Unité des ministères en français, 2005, 138 pages. Cet ouvrage est accessible en PDF sur le site « Église Unie Saint-Pierre et Pinguet » en cliquant sur « Qui sommes-nous? » puis « Histoire de l’Église Unie Pinguet ».

(2) Sur le site memoirevivante.org consulté le 3 mai 2022.