J’écris ceci à la fin d’une campagne électorale fédérale au cours de laquelle les manifestations antivaccins ont retenu l’attention. Il semble que la vaccination domine l’actualité depuis des mois. Alors que de nombreuses communautés de foi retournent au culte en personne, je reçois des questions sur la vaccination et les paroisses : l’accès au bâtiment de l’église peut-il être restreint uniquement aux personnes pleinement vaccinées ? Le personnel ministériel et les employés non professionnels peuvent-ils être obligés de se faire vacciner ? Le personnel ministériel peut-il accorder des dérogations à la vaccination ou au port du masque pour des motifs religieux ?
En répondant à ces questions, je suis conscient de notre appel à être l’Église, à aimer et à servir les autres, à rechercher la justice et à résister au mal, à proclamer Jésus crucifié et ressuscité, notre juge et notre espérance. Je suis également attentif à la façon dont les politiques de notre Église réservent différentes responsabilités à différentes instances de l’Église. Donc, lorsqu’on m’interroge sur les exemptions à la vaccination ou au port du masque, ma réponse est que de telles exceptions sont sans précédent dans notre tradition. L’Église Unie du Canada ne s’est jamais opposée aux vaccins ni à d’autres mesures de santé publique. Par conséquent, je suis d’avis qu’il serait hors de l’autorité des pasteurs et des pasteures ou des équipes de direction des communautés de foi d’accorder de telles exemptions ; ce n’est pas une responsabilité qui leur échoit selon notre fonctionnement; de plus c’est tellement sans précédent qu’il faudrait que le Conseil général – qui est l’autorité en matière de doctrine – leur octroie de le faire.
En ce qui concerne la vaccination et la participation au culte en personne, il y a eu des appels à ce que le Conseil général ou le conseil régional impose que seules les personnes doublement vaccinées puissent assister au culte; mais cela va au-delà de la compétence de ces instances ecclésiales. Dans notre fonctionnement, la responsabilité à l’égard du culte incombe au conseil de paroisse ou à une autre instance dirigeante d’une communauté de foi.
Au Québec, le passeport vaccinal est requis pour avoir accès à plusieurs commerces et divers événements. Les lieux de culte sont expressément exemptés de cette obligation. Mais cela ne signifie pas que les communautés de foi ne peuvent pas décider de leurs propres exigences. En juin, la conseillère juridique de l’Église Unie a fourni des pistes sur la façon dont les communautés de foi peuvent aborder les questions relatives à la vaccination, et, même en cette période de pandémie où les choses changent si rapidement, ses avis demeurent valables : il peut être raisonnable pour les communautés de foi de mettre en œuvre une politique de vaccination obligatoire, étant donné que le culte en personne est une activité à haut risque, en particulier pour les fidèles plus âgés qui constituent une proportion importante dans de nombreuses paroisses, ainsi que pour les enfants qui ne peuvent pas être vaccinés à l’heure actuelle.
Une telle politique devrait être élaborée avec le plus grand soin. Elle ne pourrait pas discriminer les personnes qui ne peuvent pas être vaccinées pour des raisons médicales; il devrait donc y avoir place à des accommodements. L’application d’une telle politique aux activités se déroulant dans le bâtiment, hormis le culte, devrait être considérée avec prudence – comme le dit l’avis juridique; exiger une vaccination pour que les gens accèdent à une banque alimentaire ou à d’autres services sociaux ne serait probablement pas considéré comme raisonnable. Une prudence semblable devrait être exercée à l’égard de locataires et pour toute insertion d’une clause d’exigence de vaccination dans un nouveau bail ou un bail existant. Le Québec possède des lois sur la protection de la vie privée et les renseignements médicaux, de sorte que toute information sur le statut vaccinal des personnes participantes ne peut être conservée. Enfin, de telles politiques n’ont pas été testées au niveau légal; il existe peu de précédents juridiques advenant le cas qu’une personne qui s’est vue refuser l’entrée va devant les tribunaux.
Je vous invite à lire le document complet : 2021-06-24 Politiques et lois sur la vaccination – Note du Conseil général
De semblables précautions doivent être exercées par les communautés de foi exigeant la vaccination de son personnel ministériel et de ses employés laïques. Il s’agit d’une politique qui implique plus d’une instance ecclésiale – le Conseil général, par exemple, est responsable des normes éthiques et des normes de pratique pour les pasteurs et les pasteures – alors veuillez m’acheminer toutes vos questions à titre de personne responsable du personnel de votre conseil régional.
Alors que les communautés de foi sont aux prises avec ces considérations, en cherchant un équilibre entre la sécurité, la vie privée et les aménagements, ces questions peuvent s’avérer chargées aux niveaux des émotions voire survoltées dans les réactions. J’ai pris connaissance de discussions très animées sur les réseaux sociaux. En tant que personne handicapée, je suis reconnaissant que les arguments en faveur d’une politique de vaccination obligatoire soient présentés par souci pour des gens comme moi. Mais je comprends aussi l’inquiétude que de telles politiques restreignent l’accueil que souhaite offrir l’Église, tout comme les personnes handicapées ont été exclues par les barrières de l’architecture des bâtiments des paroisses et par l’attitude de leurs membres.
Nous devons nous rappeler que les différends se déroulent dans une petite partie du spectre des points de vue possibles sur la vaccination. L’Église Unie est pro-vaccination. Le modérateur s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur de la vaccination. Nous sommes un leader dans une coalition d’Églises en faveur de l’équité vaccinale mondiale. La majorité du personnel ministériel et des laïques ont accueilli avec enthousiasme la vaccination. Nous faisons partie d’une même équipe. Un désaccord quant à la façon d’aborder la politique de vaccination obligatoire ne doit pas occulter cette réalité, au sein de la communauté de foi ni au sein du conseil régional; il ne doit pas diminuer notre compassion les uns les unes envers les autres non plus que notre respect pour chaque communauté de foi qui décide ce qui est préférable dans son contexte. Comme l’affirme Notre foi chante, nous formons une communauté de gens de foi, brisés mais pleins d’espoir, qui cherchent à servir Dieu dans la fidélité, ici et maintenant.
- Pasteur Dan Hayward, ministre responsable des Relations pastorales