Alors que je marchais sur le Camino del Norte environ trois semaines après le début de mon voyage, j’étais un peu en avance sur l’horaire que j’avais prévu. J’avais déjà lu des articles sur le Camino Lebaniego, qui se sépare du del Norte et voyage quatre jours vers le sud à travers les Picos de Europa, et qui mène à un monastère où se trouve le dernier grand morceau intact de la Vraie Croix. Il est considéré comme l’un des plus importants lieux de pèlerinage chrétien au monde.
J’avais passé un certain temps sur un terrain où j’avais des marques de ronces et de petites coupures qui cicatrisaient sur mes bras et mes jambes. En les examinant la veille de mon arrivée à l’embranchement vers le Lebaniego, j’ai vu sur le dessus de ma main droite, près du pouce, deux coupures en forme de croix. Je me suis dit que c’était le signe dont j’avais besoin pour prendre ma décision.
Ce n’est pas pour rien que les premiers chrétiens ont choisi ce site pour protéger les reliques de la croix. Les montagnes sont importantes. Le chemin est très isolé et il y a relativement peu de pèlerins sur le chemin, et encore moins en dehors de l’Espagne. Il est nécessaire de s’arrêter pour se nourrir et se loger car il y a peu de services le long du chemin. C’est aussi l’un des endroits les plus beaux que j’aie jamais vus.
Arrivé au monastère au milieu de bus remplis de touristes, je suis entré sur la place avec mon collier. Une femme s’est précipitée vers moi, m’a salué et m’a demandé si je voulais me joindre aux prêtres pour célébrer la messe des pèlerins. Je lui ai répondu que j’étais protestant et elle m’a invité à me rendre à la chapelle un quart d’heure avant la messe. Elle ferait sortir les touristes et me laisserait un peu de temps seul dans la chapelle du 8e siècle avec la croix pour la prière et la contemplation. J’ai accepté son offre avec gratitude.
Assis seul dans la chapelle fraîche après une longue marche, j’ai contemplé la croix et j’ai été bouleversé. Je tiens à préciser que je ne crois pas fermement aux reliques. En fin de compte, la véracité des affirmations faites sur leurs origines n’est pas quelque chose que j’ai passé beaucoup de temps à examiner. Cependant, une relique crée une rencontre physique avec l’histoire de son origine. Je suis convaincu que des objets comme celui-ci sont imprégnés de la puissance de leur histoire, qu’ils proviennent ou non de l’endroit où ils sont censés se trouver.
Cela m’a incité à réfléchir aux horreurs des empires qui cherchent à contrôler par le pouvoir et la violence. Je pouvais ressentir la douleur et le chagrin de ceux qui se tenaient à la croix avec le Christ. J’ai ressenti un lien profond et direct avec les événements du Vendredi saint dans cette petite chapelle, seul avec la croix. Cette expérience m’accompagne encore aujourd’hui, comme si ces quinze minutes étaient plus clairement gravées dans ma mémoire que la plupart des autres choses. Elle m’a incité à me sentir encore plus lié à la recherche de la justice et à la création d’un espace de tolérance, de compréhension et d’amour.
Ce sont des moments sacrés comme celui-ci qui expliquent en grande partie pourquoi je suis une personne croyante. Lorsqu’un lien avec l’esprit divin peut vous transporter à travers le temps, vous imprégner d’une expérience et de toutes ses émotions et implications, il est plus difficile de nier la présence de cet esprit. Il est impossible de nier le lien qui nous unit les uns aux autres du fait de cette connexion avec l’esprit.
Toutes nos communautés de foi devraient créer un espace pour la rencontre et le témoignage sacrés. Nous avons tous besoin de moments de connexion et d’un « redémarrage » occasionnel qui nous rappelle que nous ne sommes pas seulement des êtres physiques ou intellectuels. Notre santé spirituelle et notre relation au monde, avec toutes ses joies et ses peines, ne sont pas à prendre à la légère. Dans le monde et le contexte dans lesquels nous vivons, il est plus important que jamais de consacrer du temps à la connexion avec l’esprit et à la vision d’ensemble. Nous devons prendre le temps de remodeler nos cœurs et de nous accorder les uns aux autres. Je suis convaincue que c’est ce qui changera le monde pour le mieux et apportera la transformation radicale dont nous avons tous besoin. Je rêve que nos communautés soient cet espace sacré de connexion et de transformation.
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